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10
Avr

Le « Kelo tree » – un habitat si particulier

Dans certaines circonstances naturelles en altitude (l’équivalent des latitudes septentrionales de Scandinavie), lorsque le biotope est drainant (pente, karst) et qu’il règne de fortes amplitudes thermiques (froid en hiver avec un manteau neigeux durable et chaud en été), des résineux morts et secs généralement en place peuvent persister dans le temps. Exposées aux aléas climatiques et notamment au soleil, ces chandelles mortes peuvent se maintenir plusieurs dizaines de décennies en l’état dues aux contraintes environnementales du milieu (Niemelä et al. 2002). Le nom « kelo » provient d’un terme finnois définissant ce genre d’arbres morts sec sur pieds en Scandinavie.

L’influence générée par ces conditions entraine une activité biologique ralentie par les variations importantes de température, par le gel et par les paramètres physico-chimiques du bois (tannins, pH…). Un tel environnement se reconnait par des troncs de Pinus ou Juniperus généralement décortiqués en plein soleil, avec la présence d’une pourriture rouge et une carie de cœur ayant une plus grande concentration en certains composés phénoliques comparé à du bois mort situé dans un autre contexte (planitiaire, boisé… Venugopal et al. 2016). Cette conjoncture de facteurs exerce une forte pression de sélection sur les organismes. C’est pour cela qu’un cortège spécifique de champignons saproxyliques vivent sur ce substrat. Les espèces découvertes dans le Vercors sont originales avec une répartition en climat froid, situées principalement en Scandinavie pour les populations européennes et inféodées aux résineux (trouvées sur Pinus uncinata). Des isolats se retrouvent cantonnés en altitude dans divers endroits des Alpes et des Pyrénées, soulignant le rôle des massifs montagneux comme refuges pour ces taxons boréo-alpins. Ces espèces sont malheureusement méconnues et extrêmement rares pour Rhône-Alpes comme Antrodia crassa, Tubulicrinis globisporus ou Tubulicrinis incrassatus, etc. Parmi ce groupe, voici quelques champignons patrimoniaux liés aux habitats type « kelo tree » détectés dans les Préalpes iséroise :

Chaetoderma luna – 2ème mention pour la France

Ces supports ligneux sont rares dans l’espace et donc rattachés à une série d’habitats reliques de forêts naturelles, en voie de régression en Europe où les activités sylvicoles sont intenses. Les menaces pesant sur les cortèges associés en France sont grandes, notamment à cause de l’exploitation intensive et du réchauffement climatique. Les responsabilités de conservation des acteurs de l’environnement disposant de territoires contenant des zones-refuges pour ces groupes montagnards sont importantes. Il est donc logique d’approfondir les connaissances scientifiques sur ce groupe et les inscrire dans la création de programmes de préservation ou d’outils (comme la création d’une liste rouge régionale des aphyllophorales rhône-alpins) permettant aux gestionnaires de disposer de moyens de lecture pour mesurer une partie de la patrimonialité composant les milieux némoraux.

Bibliographie

Niemelä, T., Wallenius, T., & Kotiranta, H. (2002). The kelo tree, a vanishing substrate of specified wood-inhabiting fungi. Polish Botanical Journal, 47(2), 91-101.

Venugopal, P., Julkunen-Tiitto, R., Junninen, K., & Kouki, J. (2016). Phenolic compounds in Scots pine heartwood: are kelo trees a unique woody substrate?. Canadian Journal of Forest Research, 46(2), 225-233.

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